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et de La Motte. Il n’affectoit pas la même irrévérence qu’eux pour les grands génies de l’antiquité ; mais il faisoit, comme eux, très-peu de cas de la poésie, et peut-être enchérissoit-il sur leur dédain. Cela est beau comme de la prose, étoit la plus grande louange qu’il pût donner aux vers les plus beaux. Sa conduite, du moins, fut d’accord avec sa doctrine : il ne fit point, comme Fontenelle, et surtout La Motte, des volumes de vers. Il composa seulement, et dans l’unique dessein d’avoir ses entrées à l’opéra, un opéra-ballet intitulé : les Caractères de la Folie, qui fut joué avec succès en 1743, et repris en 1762, avec un acte nouveau, substitué à l’un des anciens par M. de Nivernois, son ami.

Tels sont les ouvrages de Duclos, jusqu’ici connus du public, et imprimés séparément. Il nous reste quelques mots à dire de plusieurs écrits nouvellement découverts, qui forment en entier le dixième volume de notre collection, la seule qu’on ait encore faite des œuvres de cet ingénieux écrivain. Comme ces différens morceaux voient le jour pour la première fois, nous ne pouvons alléguer en leur faveur le suffrage d’aucun littérateur accrédité, et, de toute manière, la bienséance nous défend d’y suppléer par le nôtre. Nous nous bornerons donc à une simple énumération.

Le premier de ces écrits est le fragment des Mémoires sur la vie de Duclos, écrits par lui-même : ce fragment dont nous avons suffisamment parlé au commencement de cette notice, est d’environ cent pages.

Il est suivi d’un morceau assez étendu, qui a pour titre : Considérations critiques et historiques sur le goût. Il peut être utile et agréable de le comparer avec les dissertations que Montesquieu, Voltaire et d’Alembert ont faites sur le même sujet[1], et dont Duclos parle ainsi en terminant la sienne. « Trois de mes confrères, dont le nom seul fait une recommandation pour leurs ouvrages, ont traité cette matière chacun dans le caractère qui lui est

  1. Voyez l' Encyclopédie, article Goût (grammaire, littérature et philosophie). On connoît encore sur le goût un Essai de Marmontel, des Réflexions de madame de Lambert, un chapitre de l’Introduction à la Connoissance de l’Esprit humain, de Vauvenargues, et enfin l’Essai historique et philosophique de Cartaud de la Vilate.