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tions sur l’Italie ; titre qui convient mieux que tout autre à une relation qui n’est ni un itinéraire, ni une description des lieux, mais le coup d’œil d’un observateur sur les gouvernemens, les hommes, les mœurs générales et celles des différentes classes de la société.

Les Remarques sur la Grammaire générale et raisonnée de Port-Royal ont toujours joui de beaucoup d’estime. MM. de Beauvau et Beauzée, l’un directeur de l’académie françoise, l’autre récipiendaire en remplacement de Duclos, en ont fait le plus grand éloge dans leurs discours. Il est vrai qu’outre leurs sentimens personnels pour l’auteur, la position où ils se trouvoient, ne leur permettait pas de parler désavantageusement d’une de ses productions ; mais, comme ils étoient tous deux excellens grammairiens, cette qualité, qu’ils ne devoient pas vouloir compromettre, doit ajouter autant de poids à leur suffrage, que les autres considérations peuvent lui en ôter, et, tout se trouvant ainsi compensé, il reste démontré, à ce qu’il nous semble, que les Remarques sont l’ouvrage d’un homme qui avoit porté, dans l’étude de la grammaire, un esprit très-juste et très philosophique. C’est dans ces Remarques que Duclos a établi son nouveau système d’orthographe, suivant lequel elles sont imprimées. Cette innovation a été blâmée plus qu’elle ne le méritoit peut-être. Si Duclos a poussé trop loin la réforme, on ne peut disconvenir qu’elle ne soit nécessaire à plusieurs égards. Nous allons citer un fait qui prouve avec quelle attention et quelle sûreté de jugement Duclos examine tout ce qui avoit rapport à la science grammaticale. L’abbé Girard venoit de faire paroître ses Vrais Principes de la langue françoise, ouvrage où beaucoup d’idées vraies et lumineuses au fond, sont présentées d’une manière trop abstraite, trop métaphysique ; Duclos dit : C’est un livre qui fera la fortune d’un autre. La prédiction s’est vérifiée.

Duclos fit pour l’académie des inscriptions et belles-lettres, six Mémoires qui figurent d’une manière très-distinguée dans le recueil des travaux de cette compagnie, et dont quelques-uns se retrouvent, en tout ou en partie, textuellement ou en substance, dans l’Encyclopédie. Les deux premiers ont pour objet l’Origine et les révolutions des langues celtique et françoise ; le troisième, les Épreuves par le duel et par les élémens, communément appelées