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Duclos en avoit lu des morceaux à plusieurs gens de lettres, et notamment à M. de Vauxcelles, qui, très-amateur lui-même d’anecdotes, a réfuté ou modifié quelques-unes de celles de Duclos en marge de son exemplaire. Nous avons placé ses notes à la fin du premier volume des Mémoires, sur lequel elles portent toutes, afin que le lecteur compare, discute et se décide.

De même que les Mémoires Secrets, le Voyage en Italie de Duclos n’a été imprimé que depuis la révolution. Chamfort, qui rendit compte de ces deux ouvrages dans le Mercure, s’exprime ainsi au sujet du dernier. « Cet écrit ne peut qu’honorer la mémoire et le talent de Duclos. On y retrouve son esprit d’observation, sa philosophie libre et mesurée, sa manière de peindre par des faits, des anecdotes, des rapprochemens heureux[1] ». M. de Fontanes, dans l’article déjà cité, en parle à peu près de la même manière ; mais, ce que Chamfort s’est gardé de faire, il s’étonne que Duclos n’ait rien dit des chefs-d’œuvres des arts qui couvrent l’Italie, et il ajoute : « Si par hasard Duclos et Winkelman s’étoient rencontrés à Rome, ils n’auroient pu concevoir mutuellement leur genre de vie. L’ami des arts, Winkelman, se fût, à coup sûr, indigné contre l’indifférence du bel-esprit françois ; Duclos, à son tour, eût ri d’un enthousiasme qu’il ne pouvoit partager, et peut-être eût-il fait un joli chapitre contre la manie des admirateurs exclusifs de l’antiquité ». L’observation est spirituelle ; elle a toute la justesse absolue qu’on peut désirer ; et les choses auroient peut-être dû se passer comme l’a dit M. de Fontanes ; mais par malheur elles se sont passées tout autrement. Duclos et Winkelman se sont vus, et ils se sont fort goûtés. Voici ce qu’en dit Duclos : « On a beaucoup écrit sur Herculane ; mais personne n’a rien donné de si savant et de si instructif que l’abbé Winkelman, le plus habile antiquaire que j’aie connu. Il étoit, en cette qualité, attaché au pape, et fort communicatif ; je prenois à Rome grand plaisir à converser avec lui. Il avoit consenti à une correspondance avec moi, et j’ai appris, avec la plus vive douleur, le crime qui nous l’a enlevé[2] ». Duclos a intitulé son voyage : Considéra-

  1. Œuvres de Chamfort, tom. III, pag. 227.
  2. Voyage en Italie, tom. VII, pag. 125.