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la à Duclos lui-même qui partagea son étonnement. La vérité cependant est que le mot femme se trouve dans les Considérations, au chapitre V sur la Réputation, la Célébrité, la Renommée, etc.[1] Au reste, s’il a paru singulier qu’il ne s’y trouvât point du tout, il est peut-être plus singulier encore qu’il ne s’y trouve qu’une seule fois ; car alors on ne peut plus croire, comme dans le premier cas, que l’auteur ait affecté de ne point s’en servir, ou qu’il ait totalement perdu de vue l’objet qu’il représente.

J’ai vécu ; ces mots qui sont le début de l’ouvrage, ont déplu à plusieurs personnes. M. Palissot les a tournés en ridicule dans sa comédie des Philosophes[2] ; et une femme, de grand nom, lisant ces mêmes mots : J’ai vécu, s’interrompit en disant : Où ? dans un café. L’insulte étoit bien gratuite de toute façon. Duclos, quoique peu poli, n’avoit ni le langage, ni les manières d’un homme qui avoit passé sa vie dans les cafés ; ce n’étoit point là qu’il observoit la société ; et, pour répondre encore plus directement, depuis les calés Gradot et Procope qu’il fréquentoit dans sa jeunesse, et qui étoient alors bien composés, il avoit cessé tout à fait de mettre les pieds dans ces sortes d’endroits[3].

Les Considérations sur les Mœurs ont été traduites en anglois et en allemand. Le même honneur a été fait à la plupart des autres ouvrages de Duclos.

Les Mémoires pour servir à l’histoire du dix-huitième siècle sont regardés par tout le monde, et ont été donnés par Duclos lui-même comme la suite des Considérations. Ils sont destinés plus particulièrement a peindre les mœurs des femmes. Les femmes sont l’objet continuel du livre, et

  1. Voyez tom. Ier, pag. 138 de cette édition.
  2. Cydalise, personnage ridicule, voulant commencer un livre, dit à celui qui lui sert de secrétaire :

    Écrivez : J’ai vécu. Non, c’est mal débuter.
    ............
    J’ai vécu ne vaut rien. ......
    ... Je cherche un tour qui soit moins familier.

    M. Palissot dit ailleurs qu’un homme d’esprit, choqué de ce début, dit que ce n’étoit pas l’auteur, mais son livre mort-né, qui disoit : J’ai vécu.

  3. Voyez ses Mémoires, tom. X, pag. 56.