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çoit n’avoit aucun droit, ou la rémission qu’on lui fait d’une peine méritée.

Un service est un secours par lequel on contribue à faire obtenir quelque bien.

Les principes qui font agir le bienfaiteur sont ou la bonté, ou l’orgueil, ou même l’intérêt.

Le vrai bienfaiteur cède à son penchant naturel qui le porte à obliger, et il trouve dans le bien qu’il fait une satisfaction qui est à la fois, et le premier mérite et la première récompense de son action ; mais tous les bienfaits ne partent pas de la bienfaisance. Le bienfaiteur est quelquefois aussi éloigné de la bienfaisance que le prodigue l’est de la générosité ; la prodigalité n’est que trop souvent unie avec l’avarice ; et un bienfait peut n’avoir d’autre principe que l’orgueil.

Le bienfaiteur fastueux cherche à prouver aux autres et à lui-même sa supériorité sur celui qu’il oblige. Insensible à l’état des malheureux, incapable de vertu, on ne doit attribuer les apparences qu’il en montre qu’aux témoins qu’il en peut avoir.

Il y a une troisième espèce de bienfait, qui, sans avoir ni la vertu ni l’orgueil pour principe, part d’un espoir intéressé. On cherche à captiver d’avance ceux dont on prévoit qu’on aura besoin. Rien de plus commun que ces échanges