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CHAPITRE XVI.

Sur la reconnaissance et l’ingratitude.


On se plaint du grand nombre des ingrats, et l’on rencontre peu de bienfaiteurs ; il semble que les uns devroient être aussi communs que les autres. Il faut donc de nécessité, ou que le petit nombre de bienfaiteurs qui se trouvent, multiplient prodigieusement leurs bienfaits, ou que la plupart des accusations d’ingratitude soient mal fondées.

Pour éclaircir cette question, il suffira de fixer les idées qu’on doit attacher aux termes de bienfaiteur et d’ingrat. Bienfaiteur est un de ces mots composés qui portent avec eux leur définition.

Le bienfaiteur est celui qui fait du bien, et les actes qu’il produit peuvent se considérer sous trois aspects ; les bienfaits, les grâces et les services.

Le bienfait est un acte libre de la part de son auteur, quoique celui qui en est l’objet puisse en être digne.

Une grâce est un bien auquel celui qui le re-