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pour l’autre par leur goût particulier ; d’autres jugent que la forme du gouvernement doit dépendre du local et du caractère des peuples. Cela peut être vrai ; mais quelque forme que l’on préfère, il y a toujours une première règle prise de l’utilité étendue. Le meilleur des gouvernemens n’est pas celui qui fait les hommes les plus heureux, mais celui qui fait le plus grand nombre d’heureux.

Combien faut-il faire de malheureux pour fournir les matériaux de ce qui fait ou devroit faire le bonheur de quelques particuliers, qui même ne savent pas en jouir ? Ceux à qui le sort des hommes est confié, doivent toujours ramener leurs calculs à la forme commune, c’est-à-dire, au peuple. Ce qu’il faut pour le bonheur physique d’un seigneur, suffiroit souvent pour faire celui de tout son village.

Tout est et doit être calcul dans notre conduite ; si nous faisons des fautes, c’est parce que notre calcul, soit défaut de lumières, soit ignorance ou passion, n’embrasse pas tout ce qui doit entrer dans le résultat.

Ce n’est pas que les passions même ne calculent, et quelquefois très-finement ; mais elles n’évaluent pas tous les temps qui devroient entrer dans le calcul, et de là naissent les erreurs ; je m’explique :