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comme j’ai fait à l’égard des personnes, que le plaisir, soit réel, soit de convention, que ces choses peuvent nous faire en flattant nos sens ou notre amour-propre, se rapporte à leur utilité ; c’est toujours avec la rareté qu’elle se combine pour le prix que nous y mettons. Ajoutons que l’utilité se mesure encore par son étendue ; de façon que de deux choses dont l’utilité et la rareté sont égales, l’utilité qui est commune à un plus grand nombre d’hommes mérite le plus d’estime ; et ces trois mobiles du prix que nous mettons aux choses, l’utilité, l’étendue de cette utilité, et la rareté, se combinent à l’infini, et toujours par les mêmes lois.

Éclaircissons ces principes par des exemples. Les choses de première nécessité, telles que le pain et l’eau, ne peuvent pas être rares, sans quoi elles ne seroient pas nécessaires ; n’étant pas rares, elles ne peuvent attirer notre estime ; mais si par malheur elles cessent pour un temps d’être communes, quel prix n’y mettons-nous point ? Ce principe fait la règle du commerce.

Comment décidons-nous du prix de toutes les choses matérielles ? par la même loi. Nous prisons beaucoup un diamant ; en quoi consiste son utilité ? Dans son éclat, dans le léger plaisir de la parure, et sur-tout dans la vanité frivole qui résulte de l’opinion d’opulence et de ses ef-