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CHAPITRE XV.

Sur le prix réel des choses.


Nous n’avons examiné dans le chapitre précédent que l’estime relative aux personnes ; faisons l’application de nos principes aux jugemens que nous portons du prix réel des choses, et alors estimer ne veut dire que priser.

Dans quelle proportion estimons ou prisons-nous les choses ? Dans celle de leur utilité combinée avec leur rareté ; et cette seconde façon de les considérer, c’est-à-dire la rareté, est ce qui distingue le prix que nous mettons aux choses d’avec l’estime que nous faisons des personnes. En effet, notre estime pour un homme ne diminue pas, si nous en trouvons d’autres aussi estimables ; au lieu que le prix que nous mettons à une chose rare, diminue aussitôt qu’elle devient commune.

Cette distinction est si sûre, que nous n’estimons les personnes par leur rareté qu’en les considérant comme choses. Telle est, par exemple, l’estime que nous avons pour les talens, dont nous faisons alors abstraction d’avec la personne.

Il faut encore observer à l’égard des choses,