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pagation dépendent de la quantité de son aliment.

Nous voyons chez les peuples où le patriotisme a régné avec le plus d’éclat, les pères immoler leurs fils à l’état ; nous admirons leur courage, ou sommes révoltés de leur barbarie, parce que nous jugeons d’après nos mœurs. Si nous étions élevés dans les mêmes principes, nous verrions qu’ils faisoient à peine des sacrifices, puisque la patrie concentroit toutes leurs affections, et qu’il n’y a point d’objet vers lequel le préjuge de l’éducation ne puisse quelquefois nous porter. Pour ces républicains, l’amitié n’étoit qu’une émulation de vertu, le mariage une loi de société, l’amour un plaisir passager, la patrie seule une passion. Pour ces hommes, l’amitié se confondoit avec l’estime : celle-ci est pour nous, comme je l’ai dit, un simple jugement de l’esprit, et l’autre un sentiment.

Depuis que le patriotisme a disparu, rien ne peut mieux en retracer l’idée que certains établissemens qui subsistent parmi nous, et qui ne sont nullement patriotiques relativement à la société générale. Voyez les communautés ; ceux ou celles qui les composent sont dévorés du zèle de la maison. Leurs familles leur deviennent étrangères ; ils ne connoissent plus que celle qu’ils ont adoptée. Souvent divisés par des animosités personnelles, par des haines individuel-