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dont le courage s’écoule avec le sang ! N’en a-t-on pas vu qui, après avoir bravé mille fois le trépas, tombés dans une maladie de langueur, éprouvoient dans un lit toutes les âfres de la mort.

L’ivresse, en égarant l’esprit, n’en donne que plus de ressort au caractère. Le vil complaisant d’un homme en place s’étant enivré, lui tint les propos d’une haine envenimée, et se fit chasser. On voulut excuser l’offenseur sur l’ivresse. Je ne puis m’y tromper, répondit l’offensé ; ce qu’il me dit étant ivre, il le pense à jeun.

Après avoir examiné l’opposition qui peut se trouver entre le caractère et l’esprit, sous combien de faces ne pourroit-on pas envisager la question ? Combien de combinaisons faudroit-il faire ! combien de détails à développer, si l’on vouloit montrer les inconvéniens qui résultent de la contrariété du caractère et de l’esprit avec la santé ! On n’imagine pas à quel point la conduite qu’on suit, et les différens partis qu’on prend et qu’on abandonne dépendent de la santé. Un caractère fort, un esprit actif exigent une santé robuste. Si elle est trop foible pour y répondre, elle achève par là de se détruire. Il y a mille occasions où il est nécessaire que le caractère, l’esprit et la santé soient d’accord.

Tout ce que l’homme qui a le plus d’esprit