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il n’y est pas seul ; que si l’on veut lui donner une préférence exclusive, on joint le ridicule à l’injustice ; et que si la manie du bel-esprit augmente ou se soutient long-temps au point où elle est, elle nuira infailliblement à l’esprit.

C’est contre l’excès et l’altération du bien qu’on doit être en garde ; le mal bien reconnu exige moins d’attention, parce qu’il s’annonce assez de lui-même ; et, pour finir par un exemple qui a beaucoup de rapport à mon sujet, ce seroit un problème à résoudre, que d’examiner combien l’impression a contribué au progrès des lettres et des sciences, et combien elle y peut nuire. Je ne veux pas m’engager dans une discussion qui exigeroit un traité particulier ; mais je demande simplement qu’on fasse attention que si l’impression a multiplié les bons ouvrages, elle favorise aussi un nombre effroyable de traités sur différentes matières ; de sorte qu’un homme qui veut s’appliquer à un genre particulier, l’approfondir, et s’instruire, est obligé de payer à l’étude un tribut de lectures inutiles, rebutantes et souvent contraires à son objet. Avant que d’être en état de choisir ses guides, il a épuisé ses forces.

Je rappellerai donc à cet égard ce que j’ai avancé sur l’éducation, que le plus grand service que les sociétés littéraires pourroient rendre au-