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ment, à peine atteignent-ils au courant de la conversation. Dès-là on prend droit de les regarder comme des espèces de machines, dont les ressorts n’ont qu’un effet déterminé.

Mais croit-on que tous ceux qui se sont distingués dans le bel-esprit, eussent été également capables de toutes les autres professions, et des différens emplois de la société ? Ils n’auroient peut-être jamais été ni bons magistrats, ni bons commerçans, ni bons jurisconsultes, ni bons artistes. Sont-ils bien sûrs qu’ils y auroient été propres ? Ce qu’ils ont pris chez eux pour répugnance sur certaines occupations, pouvoit être un signe d’incapacité autant que de dégoût. N’y auroit-il point d’exemples de beaux-esprits distingués qui fussent assez bornés sur d’autres articles, même sur ce qui paroît avoir, et en effet a le plus de rapport avec l’esprit, tel que le simple talent de la conversation, car c’en est un comme un autre ? On en trouveroit sans doute des exemples, et l’on auroit tort d’en être étonné.

Pour faire voir que l’universalité des talens est une chimère, je ne veux pas chercher mes autorités dans la classe commune des esprits ; montons jusqu’à la sphère de ces génies rares, qui, en faisant honneur à l’humanité, humilient les hommes par la comparaison. Newton qui a devi-