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duire une quantité d’autres qu’on ne doit qu’à soi. Qui ne seroit riche que des siennes propres, seroit fort pauvre ; mais qui n’auroit que celles d’autrui, pourroit encore être assez sot, et ne s’en pas douter.

Secondement, ce qui favorise encore l’opinion avantageuse qu’on a du bel-esprit, vient d’un parallèle qu’on est souvent à portée de faire.

On remarque que le fils d’un homme d’esprit et de talent fait souvent des efforts inutiles pour marcher sur les traces de son père : il n’y a rien de moins héréditaire ; au lieu que le fils d’un savant devient, s’il le veut, un savant lui-même. En géométrie et dans toutes les vraies sciences qui ont des principes, des règles et une méthode, on peut parvenir, et l’on parvient ordinairement, sinon à la gloire, du moins aux connoissances de ses prédécesseurs.

Peut-être dira-t-on, à l’avantage de certaines sciences, que l’utilité en est plus réelle ou plus reconnue que celle du bel-esprit ; mais cette objection est plus favorable à ces sciences mêmes qu’à ceux qui les professent.

Il est vrai que celui qui s’annonce pour les sciences est obligé d’en être instruit jusqu’à un certain point, sans quoi il ne peut pas s’en imposer grossièrement à lui-même, et il en impo-