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quelquefois du mérite même. Tout ce qui contribue, ou passe pour contribuer au bonheur, sera chéri des hommes. Il est difficile de ne pas identifier les riches et les richesses. Les décorations extérieures ne font-elles pas la même illusion ?

Si l’on veut, par un examen philosophique, dépouiller un homme de tout l’éclat qui lui est étranger, la raison en a le droit ; mais je vois que l’humeur l’exerce plus que la philosophie.

D’ailleurs, pourquoi ne considéreroit-on pas ce qui est représentatif de tout ce que l’on considère ? Voilà précisément ce que les richesses sont parmi nous ; il n’y a de différence que de la cause à l’effet. La seule chose respectée que les richesses ne peuvent donner, c’est une naissance illustre ; mais si elle n’est pas soutenue par les places, les dignités ou la puissance ; si elle est seule enfin, elle est éclipsée par tout ce que l’or peut procurer. Voulons-nous avoir le droit de mépriser les riches ? Commençons par mépriser les richesses ; changeons nos mœurs.

Il y a eu des lieux et des temps où l’or étoit méprisé, et le mérite seul honoré. Sparte et Rome naissante nous en fournissent des exemples. Mais, pour peu qu’on fasse attention à la constitution et à l’esprit de ces républiques, on sentira qu’on n’y devoit faire aucun cas de l’or, puis-