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Quelquefois ils se permettent avec les financiers ces petits accès d’une humeur modérée, d’autant plus flatteuse pour l’inférieur, qu’elle ressemble au procédé naïf de l’égalité. Ceux qui jouent ce rôle désireroient que les spectateurs désintéressés le prissent pour de la hauteur ; mais il n’y a pas moyen, parce que, si ce manège paroît produire un effet opposé à celui qu’ils en espéroient, on les voit s’adoucir par degrés, et aller jusqu’à la fadeur pour ramener un homme prêt à s’effaroucher. Ils se tirent d’embarras par une sorte de plaisanterie qui sert à couvrir bien des bassesses.

Si les gens riches viennent enfin à se croire supérieurs aux autres hommes, ont-ils si grand tort ? N’a-t-on pas pour eux les mêmes égards, je dirai les mêmes respects que pour ceux qui sont dans les places auxquelles on les rend par devoir ? Les hommes ne peuvent juger que sur l’extérieur. Sont-ils donc ridiculement dupes, parce que ceux qui les trompent sont bassement et adroitement perfides ?

Il y a peu de gens riches qui dans des momens ne se sentent humiliés de n’être que riches, ou de n’être regardés que comme tels.

Cette réflexion les mortifie, et leur donne du dépit. Alors, pour s’en distraire, et en imposer aux autres et à eux-mêmes, ils cèdent à des