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CHAPITRE X.

Sur les gens de fortune.


Il y a deux sortes de conditions qui ont plus de relation avec la société, et sur-tout avec les gens du monde, qu’elles n’en avoient autrefois. Ce sont les gens de lettres et les gens de fortune ; ce qui ne doit s’entendre que des plus distingués d’entr’eux ; les uns par leur réputation ou leurs agrémens personnels, les autres par une opulence fastueuse : car dans tous les états il y a des chefs, un ordre mitoyen et du peuple.

Il n’y a pas encore long-temps que les financiers ne voyoient que des protecteurs dans les gens de condition, dont ils sont aujourd’hui les rivaux. La plupart des fortunes de finance du dernier siècle n’étoient pas assez honnêtes pour en faire gloire, et dès là elles en devenoient plus considérables. Les premiers gains faisoient naître l’avarice, l’avarice augmentoit l’avidité, et ces passions sont ennemies du faste. Une habitude d’économie ne se relâche guère, et suffit seule, sans génie ni bonheur marqué, pour tirer des richesses immenses d’une médiocre fortune, et d’un travail continuel.