Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses motifs plus louables, ses démarches plus innocentes ; mais ses travaux pouvoient être utiles à l’état, et quelquefois inspirer l’émulation à la vertu.

On dira sans doute que la société est devenue, par le désir d’y être aimable, plus délicieuse qu’elle ne l’avoit jamais été : cela peut être ; mais il est certain que ce qu’elle a gagné, l’état l’a perdu, et cet échange n’est pas un avantage.

Que seroit-ce si la contagion venoit à gagner toutes les autres professions ? Et on peut le craindre, quand on voit qu’elle a percé dans un ordre uniquement destiné à l’édification, et pour lequel les qualités aimables de nos jours auroient été jadis pour le moins indécentes.

Les qualités aimables étant pour la plupart fondées sur des choses frivoles, l’estime que nous en faisons nous accoutume insensiblement à l’indifférence pour celles qui devroient nous intéresser le plus. Il semble que ce qui touche le bien public nous soit étranger.

Qu’un grand capitaine, qu’un homme d’état aient rendu les plus grands services, avant que de hasarder notre estime, nous demandons s’ils sont aimables, quels sont leurs agrémens, quoiqu’il y en ait peut-être qu’il ne sied pas toujours à un grand homme d’avoir à un degré supérieur.

Toute question importante, tout raisonne-