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dont on est comptable, et dans laquelle on devroit toujours chercher sa première gloire.

Le magistrat regarde l’étude et le travail comme des soins obscurs, qui ne conviennent qu’à des hommes qui ne sont pas faits pour le monde. Il voit que ceux qui se livrent à leurs devoirs ne sont connus que par hasard de ceux qui en ont un besoin passager ; de sorte qu’il n’est pas rare de rencontrer de ces magistrats aimables qui, dans les affaires d’éclat, sont moins des juges que des solliciteurs qui recommandent à leurs confrères les intérêts des gens connus.

Le militaire d’une certaine classe croit que l’application au service doit être le partage des subalternes ; ainsi les grades ne seroient plus que des distinctions de rang, et non pas des emplois qui exigent des fonctions.

L’homme de lettres qui, par des ouvrages travaillés, aurait pu instruire son siècle, et faire passer son nom à la postérité, néglige ses talens, et les perd faute de les cultiver : il auroit été compté parmi les hommes illustres ; il reste un homme d’esprit de société.

L’ambition même, cette passion toujours si ardente, et autrefois si active, ne va plus à la fortune que par le manége et l’art de plaire. Les principes de l’ambitieux n’étoient pas autrefois plus justes qu’ils ne le sont aujourd’hui,