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et nous ne l’essaîrons pas. Nous nous bornerons à dire qu’il ne fit point les corrections exigées par l’arrêt du conseil[1], et que le gouvernement ne lui en sut pas plus mauvais gré, puisque, comme nous venons de le dire, ce même ouvrage le fit nommer historiographe de France, et qu’en 1755 il fut anobli sur la désignation et d’après le vœu unanime des états de Bretagne. Les lettres patentes rappellent également ses services politiques et ses succès littéraires[2].

Les véritables gens de lettres sont sédentaires par état, et presque toujours étrangers par goût aux affaires publiques. Le plus souvent leur histoire n’est que celle de leurs travaux et de quelques relations peu importantes, soit avec les autres gens de lettres, soit avec les gens du monde. De telles particularités peuvent prendre de l’intérêt sous leur plume, mais elles n’en ont point sous la plume d’un autre, fût-il beaucoup mieux informé qu’il ne peut ordinairement l’être. Aussi le cours assez long de la vie de Duclos ne nous offriront-il plus rien à dire, si, par suite des plus nobles sentimens, il ne se fût trouvé comme engagé dans une affaire d’état dont il faillit d’être victime. On sait jusqu’à quel point les Bretons en général portent l’amour de leur pays et de leurs compatriotes. Autant qu’aucun d’eux, Duclos ressentit cette louable affection. Dès sa première jeunesse, il s’étoit lié étroitement avec M. de La Chalotais ; et les voyages qu’il faisoit de temps en temps à Rennes com-

  1. Nous en avons la preuve dans une dénonciation à l’académie françoise, où sont relevés plusieurs passages prétendus répréhensibles dans le sens de l’arrêt du conseil, passages qui se trouvent tous et en entier dans les dernières, comme dans les premières éditions de l’Histoire de Louis XI. L’auteur de ce pamphlet, qui n’est point d’un état qui lui permette d’aspirer à l’honneur d’être de l’académie, traite Duclos d’ignorant, qui n’est ni bon chrétien, ni bon François, et dont le style est bien éloigné de la pureté académique.
  2. C’est sans doute en vertu de cet anoblissement que plusieurs personnes, et notamment un des derniers éditeurs des Considérations sur les Mœurs, ont partagé en deux le nom de Duclos, faisant de la première syllabe de ce nom la particule nobiliaire du. Nous sommes certains que Duclos n’autorisa point ce changement par son exemple. Nous profitons de cette occasion pour dire qu’il se nommoit Charles Duclos Pinot, et non point Dineau, connue presque tous les biographes l’ont écrit, et qu’il étoit fils d’un fabricant de chapeaux, ce que lui-même ne dit pas dans ses Mémoires.