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CHAPITRE VII.

Sur le crédit.


Ce que je viens de dire sur les grands, me donne occasion d’examiner ce que c’est que le crédit, sa nature, ses principes et ses effets.

Le crédit est l’usage de la puissance d’autrui ; et il est plus ou moins grand à proportion que cet usage est plus ou moins fort, et plus ou moins fréquent[1]. Le crédit marque donc une sorte d’infériorité, du moins relativement à la puissance qu’on emploie, quelque supériorité qu’on eût à d’autres égards.

Aussi parle-t-on du crédit d’un simple particulier auprès d’un grand, de celui d’un grand auprès d’un ministre, de celui d’un ministre auprès du souverain ; et, sans que l’esprit y fasse attention, l’idée qu’on a du crédit est si déterminée, qu’il n’y a personne qui ne trouvât ridicule d’entendre parler du crédit du roi, à moins qu’on ne parlât de celui qu’il auroit dans l’Europe parmi les autres souverains, dont la réunion forme à son égard une espèce de supériorité.

  1. Le crédit en commerce et en finance ne présente pas une autre idée ; c’est l’usage des fonds d’autrui.