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de M. l’abbé Mongault ; mais alors il avoit fait cette même Baronne de Luz, les Confessions du comte de ***, Acajou et Zirphile, l’Histoire de Louis XI, et plusieurs Mémoires lus à l’académie des inscriptions. En 1755, Mirabaud, le traducteur du Tasse et de l’Arioste, se voyant forcé, par son grand âge, de donner sa démission de la place de secrétaire perpétuel de l’académie françoise, désira Duclos pour successeur. Duclos fut élu ; mais il n’accepta qu’à condition que Mirabaud conserveroit, jusqu’à sa mort, le logement au Louvre et la pension qu’on lui avoit accordés pour le dédommager du double droit de présence qu’il avoit refusé de recevoir comme secrétaire.

En 1744, Duclos avoit reçu une distinction qui, pour un homme de son caractère, n’étoit sûrement pas moins flatteuse que tous les honneurs littéraires. Les habitans de Dinant, ses concitoyens, l’avoient nommé maire de leur ville, quoiqu’il eût fixé sa résidence à Paris. Quatre ans après, il fut, en cette qualité, député par le tiers-état aux états de Bretagne, et il s’acquitta de sa commission de la manière la plus distinguée. En 1750, il se démit de la charge de maire de Dinant ; et la même année, en considération de son Histoire de Louis XI, le roi lui donna la place d’historiographe de France, vacante par la retraite de Voltaire en Prusse[1], et lui accorda les entrées de sa chambre. Ce même livre qui lui valoit alors un emploi et des honneurs, avoit été vivement censuré, à sa naissance, par un arrêt du conseil, comme contenant plusieurs endroits contraires, non-seulement aux droits de la couronne sur différentes provinces du royaume, mais au respect avec lequel on doit parler de ce qui regarde la religion ou les règles des mœurs, et la conduite des principaux ministres de l’église. Cet arrêt, qui est du 28 mars 1745, fait très-expresses inhibitions et défenses de réimprimer l’ouvrage avant que ces endroits aient été corrigés. Nous ne savons pas si Duclos a besoin d’être justifié sur la liberté avec laquelle il écrivit l’Histoire de Louis XI,

  1. Cette place valoit deux mille livres. La vérité nous oblige à dire que Duclos l’obtint par le crédit de madame de Pompadour, et que dans le temps on trouva injuste que M. de Foncemagne, qui la lui disputoit, ne lui eût pas été préféré. Collé, qui faisoit profession d’amitié et d’estime pour Duclos, rapporte ce fait dans son Journal historique, pag. 297.