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d’usage que dans les maux matériels, les dangers physiques, ou ceux qui y sont relatifs. Le courage d’esprit a son application dans les circonstances les plus délicates de la vie. On trouve aisément des hommes qui affrontent les périls les plus évidens : on en voit rarement qui, sans se laisser abattre par un malheur, sachent en tirer des moyens pour un heureux succès. Combien a-t-on vu d’hommes timides à la cour qui étoient des héros à la guerre !

Pour revenir aux grands, ceux qui sont les dépositaires de l’autorité ne sont pas précisément ceux qu’on appelle des seigneurs. Ceux-ci sont obligés d’avoir recours aux gens en place, et en ont plus souvent besoin que le peuple qui, condamné à l’obscurité, n’a ni l’occasion de demander, ni la prétention d’espérer.

Ce n’est pas qu’il n’y ait des seigneurs qui ont du crédit ; mais ils ne le doivent qu’à la considération qu’ils se sont faite, à des services rendus, au besoin que l’état en a, ou qu’il en espère.

Mais les grands, qui ne sont que grands, n’ayant ni pouvoir ni crédit direct, cherchent à y participer par le manége, la souplesse et l’intrigue, caractères de la foiblesse. Les dignités, enfin, n’attirent guère que des respects ; les places seules donnent le pouvoir. Il y a très-loin du crédit du plus grand seigneur à celui du moin-