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CHAPITRE VI.

Sur les grands seigneurs.


Après avoir considéré des objets qui regardent les hommes en général, portons nos réflexions sur quelques classes de la société, et commençons par les grands seigneurs.

Grand seigneur est un mot dont la réalité n’est plus que dans l’histoire. Un grand seigneur étoit un homme sujet par sa naissance, grand par lui-même, soumis aux lois, mais assez puissant pour n’obéir que librement, ce qui en faisoit souvent un rebelle contre le souverain, et un tyran pour les autres sujets. Il n’y en a plus. Ce n’est pas qu’il n’y ait, et qu’il ne doive toujours se trouver dans une monarchie une classe supérieure de sujets, qu’on nomme des seigneurs, auxquels on rend des respects d’usage, et dont quelques-uns les obtiendroient par leur mérite personnel.

Le peuple a pu gagner à l’abaissement des seigneurs : ceux-ci ont encore plus perdu ; mais il est plus avantageux à l’état qu’ils aient tout perdu, que s’ils avoient tout conservé.

Si l’on s’avisoit aujourd’hui de faire la liste