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le ressentiment ne se bornoit pas à l’offense ; tous les honnêtes gens prenoient parti, et faisoient justice par un mépris général et public.

Aujourd’hui on a des ménagemens, même sans vue d’intérêt, pour l’homme le plus décrié. Je n’ai pas, vous dit-on, sujet de m’en plaindre personnellement, je n’irai pas me faire le réparateur des torts. Quelle foiblesse ! C’est bien mal entendre les intérêts de la société, et, par conséquent, les siens propres. Pourquoi les malhonnêtes gens rougiroient-ils de l’être, quand on ne rougit pas de leur faire accueil ? Si les honnêtes gens s’avisoient de faire cause commune, leur ligue seroit bien forte. Quand les gens d’esprit et d’honneur s’entendront, les sots et les fripons joueront un bien petit rôle. Il n’y a malheureusement que les fripons qui fassent des ligues, les honnêtes gens se tiennent isolés. Mais la probité sans courage n’est digne d’aucune considération ; elle ressemble assez à l’attrition qui n’a pour principe qu’une crainte servile.

On se cachoit autrefois de certains procédés, et l’on en rougissoit s’ils venoient à se découvrir. Il me semble qu’on les a aujourd’hui trop ouvertement, et dès-là il doit s’en trouver davantage, parce que la contrainte et la honte retenoient bien des hommes.

Je ne sache que l’infidélité au jeu qui soit plus