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Quoique l’honneur soit une qualité naturelle, il se développe par l’éducation, se soutient par les principes, et se fortifie par les exemples. On ne sauroit donc trop en réveiller les idées, en réchauffer le sentiment, en relever les avantages et la gloire, et attaquer tout ce qui peut y porter atteinte.

Les réflexions sur cette matière peuvent servir de préservatif contre la corruption des mœurs qui se relâchent de plus en plus. Je n’ai pas dessein de renouveler les reproches que de tout temps on a fait à son siècle, et dont la répétition fait croire qu’ils ne sont pas mieux fondés dans un temps que dans un autre. Je suis persuadé qu’il y a toujours dans le monde une distribution de vertus et de vices à peu près égale ; mais il peut y avoir, en différens âges, des partages inégaux de nation à nation, de peuple à peuple. Il y a des âges plus ou moins brillans, et le nôtre ne paroît pas être celui de l’honneur, du moins autant qu’il l’a été. Je ne doute pas que les causes de cette altération ne soient un jour développées dans l’histoire de ce siècle. Ce n’en sera pas l’article le moins curieux ni le moins utile.

On n’est certainement pas aussi délicat, aussi scrupuleux sur les liaisons, qu’on l’a été. Quand un homme avoit jadis de ces procédés tolérés ou impunis par les lois, et condamnés par l’honneur,