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fondée puisse contrebalancer la perte de l’honneur, ni même le simple danger de le perdre. Ainsi, en ne faisant d’une telle question qu’une affaire de calcul, le parti de la probité est toujours le meilleur qu’il y ait à prendre. Il ne seroit pas difficile de faire une démonstration morale de cette vérité ; mais il y a des principes qu’on ne doit pas mettre en question. Il est toujours à craindre que les vérités les plus évidentes ne contractent, par la discussion, un air de problème qu’elles ne doivent jamais avoir.

Quand la vertu est dans le cœur, et n’exige aucun effort, c’est un sentiment, une inclination au bien, un amour pour l’humanité ; elle est aux actions honnêtes ce que le vice est au crime ; c’est le rapport de la cause à l’effet.

En distinguant la vertu et la probité, en observant la différence de leur nature, il est encore nécessaire, pour connoître le prix de l’une et de l’autre, de faire attention aux personnes, aux temps et aux circonstances.

Il y a tel homme dont la probité mérite plus d’éloges que la vertu d’un autre. Ne doit-on attendre que les mêmes actions de ceux qui ont des moyens si différens ? Un homme au sein de l’opulence n’aura-t-il que les devoirs, les obligations de celui qui est assiégé par tous les besoins ? Cela ne seroit pas juste. La probité est la