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Quoi qu’il en soit, les lois se bornent à défendre : en y faisant réflexion, nous avons vu que c’est par sagesse qu’elles en ont usé ainsi. Elles n’exigent que ce qui est possible à tous les hommes. Les mœurs sont allées plus loin que les lois ; mais c’est en partant du même principe ; les unes et les autres ne sont guère que prohibitives. La conscience même se borne à inspirer la répugnance pour le mal. Enfin la fidélité aux lois, aux mœurs et à la conscience, fait l’exacte probité. La vertu, supérieure à la probité, exige qu’on fasse le bien, et y détermine.

La probité défend, il faut obéir ; la vertu commande, mais l’obéissance est libre, à moins que la vertu n’emprunte la voix de la religion. On estime la probité ; on respecte la vertu. La probité consiste presque dans l’inaction ; la vertu agit. On doit de la reconnoissance à la vertu ; on pourroit s’en dispenser à l’égard de la probité, parce qu’un homme éclairé, n’eût-il que son intérêt pour objet, n’a pas, pour y parvenir, de moyen plus sûr que la probité.

Je n’ignore pas les objections qu’on peut tirer des crimes heureux ; mais je sais aussi qu’il y a différentes espèces de bonheur ; qu’on doit évaluer les probabilités du danger et du succès, les comparer avec le bonheur qu’on se propose et qu’il n’y en a aucun dont l’espérance la mieux