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siste dans un effort sur soi-même en faveur des autres. C’est par cet effort généreux qu’on fait un sacrifice de son bien-être à celui d’autrui. On trouve dans l’histoire quelques-uns de ces efforts héroïques. Tous les degrés de vertu morale se mesurent sur le plus ou le moins de sacrifices qu’on fait à la société.

Il semble, au premier coup-d’œil, que les législateurs étoient des homme bornés ou intéressés, qui, n’ayant pas besoin des autres, vouloient se garantir du mal, et se dispenser de faire du bien. Cette idée paroît d’autant plus vraisemblable, que les premiers législateurs ont été des princes, des chefs du peuple, ceux, en un mot, qui avoient le plus à perdre et le moins à gagner. Il faut avouer que les lois positives, qui ne devroient être qu’une émanation, un développement de la loi naturelle, loin de pouvoir toujours s’y rappeler, y sont quelquefois opposées, et favorisent plutôt l’intérêt des législateurs, des hommes puissans, que celui des foibles qui doit être l’objet principal de toute législation, puisque cet intérêt est celui du plus grand nombre, et constitue la société politique. L’examen des différentes lois confrontées au droit naturel, seroit un objet bien digne de la philosophie appliquée à la morale, à la politique, à la science du gouvernement.