Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réfléchit, que cela n’est pas encore suffisant pour la parfaite probité. En effet on peut, avec un cœur dur, un esprit malin, un caractère féroce, et des sentimens bas, avoir par intérêt, par orgueil ou par crainte, avoir, dis-je, cette probité qui met à couvert de tout reproche de la part des hommes.

Mais il y a un juge plus éclairé, plus sévère et plus juste que les lois et les mœurs ; c’est le sentiment intérieur qu’on appelle la conscience. Son empire s’étend plus loin que celui des lois et des mœurs, qui ne sont pas uniformes chez tous les peuples. La conscience parle à tous les hommes qui ne se sont pas, à force de dépravation, rendus indignes de l’entendre.

Les lois n’ont pas prononcé sur des fautes autant ou plus graves en elles-mêmes que plusieurs de celles qu’elles ont condamnées. Il n’y en a point contre l’ingratitude, la perfidie, et, en bien des cas, contre la calomnie, l’imposture, l’injustice, etc., sans parler de certains désordres qu’elles condamnent, et ne punissent guère, si l’on ne brave la honte, en les réclamant. Tel est le sort de toutes les législations. Celle des peuples que nous ne connoissons que par l’histoire, nous paroît un monument de leur sagesse, parce que nous ignorons en combien de circonstances les lois fléchissoient et restoient