Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’on soit convenu de différentes espèces de probités, qu’on ne soit obligé qu’à celle de son état, et qu’on ne puisse avoir que celle de son esprit. On est plus sévère à l’égard de ceux qui, étant exposés en vue, peuvent servir d’exemple, que sur ceux qui sont dans l’obscurité. Moins on exige d’un homme dont on devroit beaucoup prétendre, plus on lui fait injure. En fait de procédés, on est bien près du mépris, quand on a droit à l’indulgence.

L’opinion publique étant elle-même la peine des actions dont elle est juge, ne sauroit manquer d’être sévère sur les choses qu’elle condamne. Il y a telle action dont le soupçon fait la preuve, et la publicité le châtiment.

Il est assez étonnant que cette opinion, si sévère sur de simples procédés, se renferme quelquefois dans des bornes sur les crimes qui sont du ressort des lois. Ceux-ci ne deviennent complètement honteux que par le châtiment qui les suit.

Il n’y a point de maxime plus fausse dans nos mœurs, que celle qui dit : Le crime fait la honte, et non pas l’échafaud. Cela devroit être, et l’est effectivement en morale ; mais nullement dans les mœurs, car on se réhabilite d’un crime impuni : et qu’on ne dise pas que c’est parce que le châtiment le constate, et en fait seul une preuve