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se fût associé au consulat le fils de Cicéron, on voyoit qu’il cherchoit à couvrir ses fureurs passées du masque des vertus. Sa feinte modération étoit toujours suspecte. Plutarque nous a conservé un trait qui prouve à quel point on craignoit de réveiller le souvenir d’un nom cher aux vrais Romains. Auguste étant entré inopinément dans la chambre d’un de ses neveux, s’aperçut que le jeune prince cachoit un livre dans sa robe ; il voulut le voir, et trouvant un ouvrage de Cicéron, il en lut une partie ; puis rendant le livre : C’étoit, dit-il, un savant homme, et qui aimoit fort la patrie. Personne n’eût osé en dire autant devant Auguste.

Nous voyons des ouvrages célèbres, dont les dédicaces enflées d’éloges, s’adressent à de prétendus Mécènes qui n’étoient connus que de l’auteur : du moins sont-ils absolument ignorés aujourd’hui, leur nom est enseveli avec eux.

Que d’hommes, je ne dirai pas nuls, mais pervers, j’ai vu loués par ceux qui les regardoient comme tels ! Il est vrai que tous les louangeurs sont également disposés à faire une satire ; la personne leur est indifférente, il ne s’agit que de sa position.

Il semble qu’un encens si banal, si prostitué, ne devroit avoir rien de flatteur ; cependant on voit des hommes estimables à certains égards,