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Ce manége est déjà assez commun pour qu’il dût plus être reconnu qu’il ne l’est encore.

Il devroit être défendu d’être brusque à quiconque ne feroit pas excuser cet inconvénient de caractère par une conduite irréprochable.

Ce n’est pas qu’on ne puisse joindre beaucoup d’habileté à beaucoup de droiture ; mais il n’y a qu’une continuité de procédés francs qui constate bien la distinction de l’habileté et de l’artifice.

On ne doit pas pour cela regretter les temps grossiers où l’homme, uniquement frappé de son intérêt, le cherchoit toujours par un instinct féroce au préjudice des autres. La grossièreté et la rudesse n’excluent ni la fraude, ni l’artifice, puisqu’on les remarque dans les animaux les moins disciplinables.

Ce n’est qu’en se poliçant que les hommes ont appris à concilier leur intérêt particulier avec l’intérêt commun ; qu’ils ont compris que, par cet accord, chacun tire plus de la société qu’il n’y peut mettre.

Les hommes se doivent donc des égards, puisqu’ils se doivent tous de la reconnoissance. Ils se doivent réciproquement une politesse digne d’eux, faite pour des êtres pensans, et variée par les différens sentimens qui doivent l’inspirer.