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être méprisable, qui sont quelquefois des productions d’un art grossier, que la piété seule empêche de trouver ridicules, et pour lesquelles on n’a qu’un respect de relation.

Je suis très-éloigné de vouloir dépriser un ordre aussi respectable que celui de la noblesse. Le préjugé y tient lieu d’éducation à ceux qui ne sont pas en état de se la procurer, du moins pour la profession des armes, qui est l’origine de la noblesse, et à laquelle elle est particulièrement destinée par la naissance. Ce préjugé y rend le courage presque naturel, et plus ordinaire que dans les autres classes de l’état. Mais puisqu’il y a aujourd’hui tant de moyens de l’acquérir, peut-être devroit-il y avoir aussi, pour en maintenir la dignité, plus de motifs qu’il n’y en a de la faire perdre. On y déroge par des professions où la nécessité contraint, et on la conserve avec des actions qui dérogent à l’honneur, à la probité, à l’humanité même.

Si on vouloit discuter la plupart des opinions reçues, que de faux préjugés ne trouveroit-on pas, à ne considérer que ceux dont l’examen seroit relatif à l’éducation ! On suit par habitude, et avec confiance, des idées établies par le hasard.

Si l’éducation étoit raisonnée, les hommes acquerroient une très-grande quantité de vérités