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cipes qu’ils ont reçus, et les proscrivent universellement. Cependant les préjugés même doivent être discutés et traités avec circonspection.

Un préjugé, n’étant autre chose qu’un jugement porté ou admis sans examen, peut être une vérité ou une erreur.

Les préjugés nuisibles à la société ne peuvent être que des erreurs, et ne sauroient être trop combattus. On ne doit pas non plus entretenir des erreurs indifférentes par elles-mêmes, s’il y en a de telles ; mais celles-ci exigent de la prudence ; il en faut quelquefois même en combattant le vice ; on ne doit pas arracher témérairement l’ivraie. À l’égard des préjugés qui tendent au bien de la société, et qui sont des germes de vertus, on peut être sûr que ce sont des vérités qu’il faut respecter et suivre. Il est inutile de s’attacher à démontrer des vérités admises, il suffit d’en recommander la pratique. En voulant trop éclairer certains hommes, on ne leur inspire quelquefois qu’une présomption dangereuse. Eh ! pourquoi entreprendre de leur faire pratiquer par raisonnement ce qu’ils suivoient par sentiment, par un préjugé honnête ? Ces guides sont bien aussi sûrs que le raisonnement.

Qu’on forme d’abord les hommes à la pratique des vertus, on en aura d’autant plus de facilité à leur démontrer les principes, s’il en est