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perles noires



Au milieu des étés superbes,
Elle se glisse sous les herbes
Pour rappeler les noirs hivers,
Et sur le sable elle se roule,
Cercle noir qui montre à la foule
L’orbe sacré de l’univers.

Quand elle rampe sans secousse,
Comme un ruban noir sur la mousse,
La forêt reconnaît sa loi,
Et l’oiseau glacé d’épouvante
Tombe de la branche, mouvante
Fasciné par un sombre effroi !

Et quand, sous le soleil de flamme,
Un enlacement noir se pâme
Sifflant d’amour au bord des eaux,
Les couples bleus des libellules
Tremblent dans les fraîches cellules
Que leur offrent les verts roseaux.

L’homme se croit le roi du monde,
Mais, pour que la Terre confonde