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c’est pour assurer l’avènement d’une Société des Nations que nos enfants sont morts, qu’ils ont été mutilés. Cela, Messieurs, c’est de l’impiété. Si nos enfants ont courageusement versé leur sang sur la terre de France, c’est pour que cette terre demeure française, et voilà tout. Prêter des vues politiques à leur sacrifice, c’est tenter de le rabaisser. Il y a des arguments que l’on ne donne pas sans honte.

Que certains esprits, confiants à l’excès dans la puissance de leurs théories, entretiennent des espérances semblables, cela ne saurait étonner. Dans tous les temps on a rencontré des rêveurs et des utopistes mais autrefois, le bon sens du public faisait à lui seul justice de leurs imaginations. Que ces mêmes prétentions aient obtenu un sort meilleur, qu’elles aient été accueillies dans le sein de la plus solennelle assemblée que l’on ait vue depuis le Congrès de Vienne, qu’elles aient servi de base à ce qui est certainement le principal dans l’armature du traité, voilà ce qui doit étonner. On s’explique mal ce souffle de folle espérance, pour ne rien dire de pire, qui a traversé ainsi les séances du comité de Paris. Sans doute, l’influence des plus grands, dans cette assemblée — influence qui commandait leur attitude à une foule de courtisans — était d’un grand poids, sans doute aussi beaucoup qui avaient vu avec regret, l’échec des conférences de la Haye, ne comprenant pas la vanité des efforts qui y avaient été déployés, espéraient prendre là une revanche éclatante d’un insuccès qui leur était allé au cœur. Mais tout cela n’explique pas encore la docilité avec laquelle l’opinion