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sances de la famille pour aller chercher au dehors de dangereux amusements d’amères déceptions.

Dans d’autres maisons, on invitera quelques artistes et quelques amis amateurs ; on y entendra un trio ou un quatuor classique bien choisi, du chant, des soli originaux ou des motifs d’opéra ; en un mot, le programme satisfera à cette condition indispensable, la variété.

Un divertissement musical assez usité consiste à réunir quelques chanteurs pour exécuter un opéra avec accompagnement de piano. Dès mon arrivée ici, je fus invité à une soirée de ce genre.

— J’accepterais volontiers, dis-je, si j’étais chanteur.

— Mais vous pouvez solfier la partie ; dispensez-vous des paroles, si cela vous gêne. Notre but est avant tout de reproduire l’harmonie de l’auteur.

— Cela est possible : mais vous me donnez un rôle de ténor et je n’ai qu’une basse très restreinte.

— Allez toujours !

Force me fut de suppléer par la voix de tête au peu d’étendue du registre de poitrine ; mais au bout de quelques morceaux, cet exercice devenait très fatigant, et j’en fis l’observation.

— Nous ne voulons pas votre mort ; asseyez-vous devant cet harmonium et jouez-y votre partie.

L’opéra entrepris était une de ces œuvres de l’ancien répertoire pour l’interprétation desquelles les indications de mouvement ne suffisent pas toujours aux jeunes musiciens ; mais le maître de la maison tenait le piano : contemporain de l’œuvre, il en avait conservé la tradition, et moitié chantant moitié jouant, nous arrivâmes au bout de notre opéra.

Un des mes honorables co-sociétaires du Cercle du Nord convoque chez lui quelques amateurs pour exécuter des opéras entiers réduits pour deux violons, alto et violoncelle. « Mon-