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les valeureux champions de l’art en sont aujourd’hui les vétérans émérites ; puis les partisans de la musique moderne. Parlez-leur de Beethoven et des compositeurs les plus récents, tels que Fesca, Mayseder, Onslow, Mendelsohn ou de Reissiger. Mais de Boccherini ? « C’est une vieille perruque ! » et Mozart ? « Je vous avoue que je le trouve creux », me disait dernièrement un des plus solides amateurs de cette ville. Et Haydn ? « Vieillot, démodé » : et Pleyel, Kozeluch, Rasetti, si souvent aimables ? « Vieilleries, vieilleries ! »

Il serait fastidieux de suivre les musiciens dans la passion qu’ils ont pour tel auteur préférablement à tout autre. C’est ainsi que certains amateurs exprimeront pour R. Schumann l’enthousiasme le plus ardent, le plus exclusif, et consacreront tous leurs loisirs à l’interprétation de cette nébuleuse musique qui s’explique souvent par l’état d’aliénation mentale de l’auteur.

On goûte peu ici les compositeurs pour la chambre actuellement existants. Et cependant, quoi de plus charmant que la musique de Félicien David, aussi descriptive que la peinture. Quoi de plus clair que les trios, quatuors, et quintettes d’Ad. Blanc ? Je ne sache pas qu’on connaisse à Lille les dernières œuvres classiques de M. Fétis : ce n’est pas qu’elles soient remarquables par leur mélodie, mais on me paraît dans certains cercles tenir assez peu à cette qualité pour accorder au moins de l’estime aux savantes compositions du musicien le plus érudit de notre époque.