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sur les toilettes, je quittai ma loge et me dirigeai vers le parterre, afin d’y entendre le reste de l’opéra.

Là, je liai connaissance avec des amateurs intrépides, habitant la banlieue, mais ne manquant aucune représentation, quelque temps qu’il fît. De mes trois nouveaux voisins, un seul avait la parole et était religieusement écouté par ses compatriotes. Selon lui, il y avait dans leur orphéon de *** des chanteurs qui avaient bien autrement de voix que les artistes de la scène. « Et notre fanfare, monsieur, si vous l’entendiez enlever un pas-redoublé ? »

— Cependant, dis-je modestement, il me semble que le baryton ne va pas trop mal, et que l’orchestre joue assez en mesure.

— Ah ! monsieur, soit dit sans vous offenser, on voit bien que vous n’êtes pas musicien ; je ne veux pas me faire regarder pour cela comme un grand artiste, mais j’aime la musique, je la protège et j’apporte avec bien du plaisir mon concours à nos deux Sociétés philharmoniques.

Là-dessus arriva le final, couvert dans toute la salle par de chaleureux applaudissements auxquels mon bon voisin, malgré sa critique, donna un puissant concours, agissant ainsi avec autant de générosité qu’à l’égard des musiques de son pays. Mais, pardonnez-moi les écarts de mon imagination ! je ne sais pourquoi je me présentai le Mécène de *** ou mouchant complaisamment les chandelles à la répétition, ou servant de pupitre en tenant la partie devant l’exécutant, ou bien portant la grosse caisse sur son dos dans les promenades militaires de la fanfare.

Le théâtre des Variétés a, lui aussi, son importance dans un cadre plus modeste. Je ne puis trop en parler, n’y ayant assisté jusqu’à présent qu’à un petit nombre de représentations.

J’y ai revu avec plaisir Mme Daynes-Grassot, qui faisait