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artistes, et celui ou celle qui se sent un peu de voix vise à parvenir par le travail à chanter les premiers rôles et ne reste généralement pas dans les chœurs.

J’ai entendu, c’est cependant l’exception, critiquer vivement l’orchestre et lui refuser même la mesure, cette première qualité de tout ensemble musical. Voici franchement l’opinion que me dicte ma position indépendante : si l’Orchestre du Grand-Théâtre ne vaut pas celui du Grand-Opéra de Paris, il renferme du moins un certain nombre d’exécutants qui n’y seraient nullement déplacés, et l’on peut en toute sûreté aller voir jouer une œuvre sérieuse sur la première scène lilloise ; l’auditeur le plus difficile pourra garder de l’exécution un souvenir très honorable pour les chanteurs, pour l’orchestre et son chef expérimenté, et enfin pour la direction qui dans la mise en scène, fait preuve de goût et d’intelligence.

Il m’arrive souvent, quand j’ai à faire un voyage d’une certaine durée, de prendre les premières jusqu’au prochain changement de train, là de passer dans les troisièmes et enfin de terminer mon voyage en secondes, cela dans le seul but d’observer la différence d’habitudes, de langage, et de recueillir les opinions variées de chaque classe de la société sur le premier sujet venu que je propose à mes compagnons de voyage.

Cette manie, car on m’a déjà prévenu que c’en était une, je l’emporte au théâtre, et j’aime assez, quand je vois jouer un opéra, recueillir un peu à droite et à gauche l’opinion de chacun. C’est ainsi que j’ai entendu dans la classe éclairée des appréciations pleines de tact et de finesse, de même que dans les sphères aériennes du paradis des réflexions marquées au coin de l’intelligence m’ont prouvé l’existence du bon sens musical jusque dans la classe ouvrière.

Mais à toute médaille il y a un revers. J’assistais ces jours