Page:Piis - L’Harmonie imitative de la langue française, 1785.djvu/46

Cette page n’a pas encore été corrigée


Si pour me ranimer je gagne mes pénates,
Oh ! de quel bruit plus doux, cher Bacchus, tu me flattes !
Rompant son fil d’archal, le champagne élancé
Cherche en l’air à se joindre à son bouchon chassé ;
En coulant du goulot d’une oblongue bouteille,
Le bordeaux plus couvert charme aussi mon oreille,
Et ses flots, l’un de l’autre, au passage jaloux
Comblent mon gobelet en doublant leurs gloux-gloux.

On est, quand on a bu, plus propre à la musique,
Et je peindrai les sons que ce bel art m’indique.
Je les réveille enfin ces nombreux instrumens,
Chez l’indolent luthier suspendus et dormans,
Dans les flancs de ceux-ci je vois rentrer Eole,
Et les nerfs de ceux-là se tendre à ma parole ;
Déja, vers moi par troupe ils semblent accourir ;
Je leur donne un moment pour mieux se réunir,
Et pour les ranger tous sur une ligne égale,
Le tambour en roulant, battra la générale.
C’en est fait : s’agit-il de les voir défiler ?
Ils suivront l’ordre exact que j’ai sû leur régler.

En appellant les coups sur leurs plans paralleles
Au dos d’un fier coursier, ces timbales jumelles,