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CHAPITRE IV.

des synonymes marque, dans la poésie, décadence bien plus que progrès. Homère est la franchise, la facilité, la clarté suprêmes. Il n’y a pas, dans toute la littérature grecque, un poëte dont la lecture exige moins d’effort. Si vous possédez à fond un chant, un seul chant de l’Iliade ou de l’Odyssée, vous avez la clef d’Homère, comme on disait autrefois, vous êtes en mesure pour pénétrer partout dans les deux poëmes.


Versification d’Homère.


Le vers héroïque peut compter parmi les plus belles inventions de l’esprit humain. C’est la plus riche forme et la plus complète que jamais la poésie ait revêtue. Aristote signalait, entre les éminentes qualités de ce mètre, la fermeté et la vigueur, l’uniformité parfaite, la puissance de l’élan. La longueur du vers varie de treize jusqu’à dix-sept syllabes ; et il est susceptible d’avoir cinq dactyles ou de n’en avoir qu’un seul, comme aussi d’avoir cinq spondées ou un spondée unique, remplacé bien souvent par un trochée. Chez les poëtes grecs, le vers spondaïque, ou terminé par quatre syllabes longues, est de droit commun, et non pas, comme chez les Latins, une exception rare. Homère se permet souvent le vers terminé par trois ou même quatre spondées ; et, plus d’une fois, le dactyle obligatoire est ramené du cinquième pied jusqu’au premier : licences presque sans exemple chez les Latins, et même chez les poëtes grecs postérieurs à Homère. Ajoutez que les Grecs n’ont jamais connu les entraves de toute sorte imaginées par les Latins. Le nombre des syllabes du mot final leur est indifférent ; l’oreille seule règle la coupe de leur vers ; ils n’ont guère d’autre loi fixe que celle de remplir les six mesures ; la quantité des syllabes finales des mots dépend à chaque instant de leur volonté.

Toutes ces libertés Homère en a ajouté d’autres encore, qui lui sont particulières, et qui scandalisaient les métriciens des bas siècles. Ainsi Homère a des vers acéphales, comme ils disent, ou qui commencent par une syllabe brève ; il en a de lagares ou grêles, qui ont un trochée au milieu, et de miures où écourtés, qui ont un ïambe au pied final.