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APPENDICE.


Achille Tatius.


Achille Tatius l’emporte sur Longus et sur Héliodore par la pureté du style et par l’intérêt des récits. Mais il n’a point eu d’Amyot pour illustrer son nom, et pour naturaliser chez nous son œuvre. Le roman de Leucippe et Clitophon n’est pas composé avec beaucoup d’art. Tatius ne sait pas mieux qu’Héliodore et Longus observer les lois de la vraisemblance ; mais il est amusant parce qu’il rit quelquefois, et parce que les poëtes comiques lui ont prêté quelque chose de leur gaieté, et non pas seulement des inventions bizarres, des aventures, des péripéties, en un mot le bagage dramatique.

On ignore si Achille Tatius est antérieur à Héliodore ou Héliodore à Achille Tatius. Au reste, son ouvrage ressemble si fort à celui de l’évêque de Tricca, qu’il n’est guère impossible ou qu’Héliodore ait imité Leucippe et Clitophon, ou qu’Achille Tatius ait imité les Éthiopiques. Seulement Héliodore est chaste, et ne peint jamais le vice que pour en inspirer l’horreur, tandis qu’Achille Tatius se complaît dans certains sentiments et dans certaines idées qui prouvent que les lecteurs de ce temps-là n’étaient pas très-difficiles en fait de morale et de pudeur. Leucippe conserve comme Chariclée sa pureté virginale, à travers toute sorte d’aventures ; mais le résultat final n’excuse nullement les moyens, et les tableaux d’Achille Tatius méritent trop souvent les plus graves reproches. Pour rendre complète justice à cet auteur, il est indispensable, comme le remarque M. Zevort, de s’arrêter surtout aux détails, à la forme, au style, dans lequel brille encore, à travers les grâces fardées et l’afféterie, un visible reflet de l’élégance antique, quelque chose de la manière de Platon.


Xénophon d’Éphèse.


Le roman d’Anthia et Habrocome, autrement dit les Éphésiaques, ressemble aux livres de Tatius et d’Héliodore, et pour la marche des événements, et pour le choix des épisodes, et