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CHAPITRE L.

contagion du bien, apparent ou réel, qu’il attribue tous les progrès de la secte abhorrée. Puis, après avoir recommandé à ceux qui la détestent comme lui de ne plus se laisser vaincre ainsi aux yeux des peuples, et après avoir dit à Arsace de ne pas souffrir que les prêtres des dieux mènent une vie inconvenante ou dissipée, Julien ajoute ces paroles : « Établis dans chaque cité des hospices, pour que les gens sans asile ou sans moyens de vivre y jouissent de nos bienfaits, quelle que soit d’ailleurs la religion qu’ils professent. Il serait trop honteux que nos sujets fussent dépourvus de tout secours de notre part, tandis qu’on ne voit aucun mendiant ni chez les Juifs, ni même parmi la secte impie des Galiléens, qui nourrit non-seulement ses pauvres mais souvent les nôtres. »

L’historien de l’École d’Alexandrie, qui a consacré à Julien des pages excellentes, caractérise comme il suit le talent littéraire de l’auteur des Césars : « Écrivain plein de grâce et de naturel, il laisse rarement échapper des traits de mauvais goût ou des mouvements déclamatoires. Il a plus d’esprit que d’imagination, plus de vivacité que d’éloquence, plus de finesse que d’élévation et de grandeur. Aucun auteur du temps ne peut lui être comparé pour la simplicité de la composition, pour la clarté et l’élégance du style. »


Proclus.


Entre Julien et Proclus, il y a un laps de temps assez considérable ; mais la littérature païenne n’offre de l’un à l’autre que des noms obscurs. Les moins indignes d’être cités sont ceux des hommes modestes qui enseignaient la philosophie à Athènes, vers la fin du quatrième siècle et dans la première moitié du cinquième : ainsi Plutarque fils de Nestorius et Syrianus, les deux maîtres qui transmirent à Proclus le riche héritage de la science alexandrine. Mais ces deux philosophes eux-mêmes nous sont peu connus. Leurs ouvrages ont péri, à l’exception du savant commentaire de Syrianus sur la Métaphysique d’Aristote. Peut-être quelques-uns des écrits de Proclus ne sont-ils que les rédactions des leçons de ses maîtres. Nous savons du moins que Plutarque, dans son ex-