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ÉCOLE D’ATHÈNES.

société grecques au quatrième siècle. Libanius n’est pas moins sophiste ni moins affecté dans un billet de quelques lignes que dans un discours destiné à être déclamé en public. Mais quand ce billet s’adresse à saint Basile, et que saint Basile ne dédaigne pas de répondre aux compliments du rhéteur païen par des éloges presque fabuleux, le lecteur moderne ne peut s’empêcher d’éprouver un plaisir piquant et singulier en parcourant ces monuments de la courtoisie antique. Je n’ai pas besoin de remarquer qu’il n’y a rien de commun entre Libanius et l’éloquence, et que l’orateur de Constantinople, comme l’appellent quelques-uns, n’est qu’un habile artisan de phrases, un écrivain beaucoup plus soucieux des tours du beau langage que du naturel des sentiments et de la vérité des pensées.


Thémistius.


Thémistius est un esprit plus sérieux et plus élevé. C’est un philosophe, un homme d’État ; et, quoiqu’il ne soit pas toujours exempt des défauts qu’on peut reprocher à Libanius, et qu’il se souvienne un peu trop de son métier de maître de rhétorique, la chaleur de ses convictions, la noblesse de ses sentiments, la hauteur de ses idées, impriment à son style cette gravité éloquente, cette onction, ce je ne sais quoi qui fait estimer l’écrivain, parce que sous cet écrivain il y a un homme. Thémistius était né vers l’an 325, dans la Paphlagonie. Il prolongea sa vie jusqu’à la fin du quatrième siècle, car on sait qu’il vivait encore sous Arcadius. Il remplit à Constantinople des charges importantes, et ses vertus lui concilièrent l’estime des chrétiens mêmes comme celle des païens. Théodose n’hésita pas à le donner pour maître à son fils Arcadius. Cependant Thémistius resta toute sa vie un païen, ou plutôt un libre penseur. Sa réputation d’éloquence lui avait fait donner le surnom d’Euphradès ou parleur distingué.

Nous possédons plusieurs ouvrages de Thémistius. Ses commentaires sur quelques-uns des traités d’Aristote sont estimés et méritent de l’être. Mais ce ne sont pas ces utiles travaux qui lui avaient valu son surnom. Ses discours ne sont