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CHAPITRE XLIX. HISTORIENS, ETC.

coordonner ses idées et de les exprimer dans un langage humain. Ses sophistes devisent à table, et font ensemble assaut d’érudition. Grâce à leurs causeries, et, si l’on veut, à leur pédanterie, il y a d’admirables morceaux de l’ancienne littérature dont nous jouissons aujourd’hui, et qui nous seraient inconnus sans Athénée. Athénée n’est pas, tant s’en faut, un dialogiste parfait ni un écrivain classique ; mais il ne manque pas de talent. Son livre prouve qu’il avait prodigieusement lu, et qu’il avait bien compris ce qu’il lisait et bien digéré ses connaissances archéologiques et littéraires. Athénée était de Naucratis, en Égypte ; il avait étudié dans ces savantes écoles où s’était formée la science des Plotin et des Longin, et il avait enseigné lui-même avec éclat la rhétorique et la grammaire.


Alciphron.


Parlerons-nous d’Alciphron, et de ces lettres qu’il suppose écrites par des pêcheurs, des parasites, des courtisanes, etc. ? Il est impossible d’imaginer rien de plus faux que ce prétendu genre épistolaire. Ce ne sont que des déclamations sophistiques, ou des tableaux de mœurs tracés d’après d’anciens poëtes, et non point d’après ce que l’auteur avait lui-même sous les yeux. Mais Alciphron prodigue les ornements de style ; il est fleuri, sinon raisonnable ; l’élégance des termes, l’éclat des métaphores, la beauté des tours, lui tiennent lieu de bon goût : aussi passait-il en son temps pour un phénix littéraire, pour un écrivain supérieur à Longin et à Porphyre, qui avaient le tort d’être de grands et sérieux esprits, et de n’écrire que pour les gens capables de quelque effort d’attention et d’intelligence.