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CHAPITRE IV.

et le chef des confédérés livre la bataille aux Troyens. Dès ce jour, l’absence d’Achille se fait sentir : les Grecs, auparavant victorieux, et qui tenaient étroitement serrés leurs ennemis dans les murs d’Ilion, en sont réduits à craindre pour leur camp et leurs navires. Une courte trêve est conclue : on donne la sépulture aux morts ; et les Grecs, afin de se garantir contre une surprise, protègent leur camp d’un mur et d’un fossé.

La trêve est expirée ; la lutte s’engage de nouveau. Les Troyens mettent les Grecs en fuite ; Hector poursuit les fuyards jusqu’au fossé, où il s’arrête enfin à la chute du jour. Découragés, frappés de terreur, les Grecs ne voient plus de salut que dans Achille : ils dépêchent des députés pour apaiser le héros ; mais Achille demeure inexorable.

Au lever du soleil, le combat recommence. Les Grecs les plus braves sont blessés et quittent la mêlée. Le spectacle de ce désastre fait quelque impression sur l’âme d’Achille ; mais il se borne à envoyer Patrocle examiner de plus près ce qui se passe. Cependant Hector franchit le fossé, escalade le rempart, et les Grecs cherchent un refuge dans leurs navires. Ils reviennent pourtant à l’ennemi, et pendant longtemps la victoire reste douteuse. Mais les Grecs sont une seconde fois vaincus : c’est dans le camp même, c’est sur les navires qu’ils sont réduits à se défendre. Patrocle, saisi d’indignation et de pitié, revient auprès d’Achille : il supplie le héros de secourir enfin les Grecs, ou tout au moins de permettre que, lui-même il revête ses armes et conduise les Myrmidons au combat. En ce moment, une lueur sinistre éclate aux yeux : c’est le navire de Protésilas qui brûle, embrasé par la main des ennemis. Achille n’est point encore apaisé : il persiste dans son inaction ; mais il permet à Patrocle de combattre à sa place. Patrocle revêt les armes d’Achille, et court à sa perte, mal protégé par les conseils et par les prières de son ami contre le courroux d’une divinité puissante. Apollon le dépouille de ses armes ; Euphorbe le blesse ; Hector l’achève. La bataille se ranime avec fureur autour de son cadavre. Antilochus va annoncer à Achille que Patrocle n’est plus, et que les Grecs ne peuvent parvenir à repousser les