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PHILOSOPHES ALEXANDRINS.

ges. Les plus connus sont la Vie de Plotin et le traité de l’Abstinence des Viandes. Tous sont remarquables par les agréments d’un style élégant et limpide. Il ne paraît pas que Porphyre ait été un philosophe bien original ; mais il développa les doctrines de Plotin sous une forme plus attrayante et plus littéraire. Il fut, selon l’expression de son biographe, comme la chaîne de Mercure jetée entre les dieux et les mortels. Je ne puis mieux faire connaître cet homme éloquent, ce savant universel, qu’en transcrivant ici une des belles pages que lui a consacrées l’auteur de l’Histoire critique de l’École d’Alexandrie.

« Porphyre, dit M. Vacherot, portait dans les matières philosophiques un esprit excellent, et dans les questions de littérature et d’érudition un goût exquis et une critique aussi solide qu’élevée. Si l’on ajoute à cela une activité prodigieuse de travail, une ardeur infatigable pour la polémique, un rare génie d’organisation et de direction, on comprendra comment il devint le grand athlète de son parti, dans la lutte de la philosophie et du christianisme… Le signe unique auquel on pourrait reconnaître l’origine syrienne de Porphyre, c’est la science profonde des traditions religieuses de toute cette partie de l’Orient, et particulièrement des livres hébreux. Du reste, il n’a ni goût ni estime pour cette sagesse de l’Orient ; il lui oppose sans cesse la science grecque, et ne la cite guère que pour la réfuter. On sent partout, dans le Syrien Porphyre, un élève des Muses grecques ; et jamais enfant de la Grèce n’a voué un culte aussi tendre à sa noble patrie. Porphyre ne s’attacha point à la philosophie grecque, comme beaucoup d’Orientaux, uniquement par goût pour le platonisme : il l’aime pour elle-même, et l’embrasse avec ferveur dans toutes ses parties. Platon est sans doute de tous les philosophes celui qui lui convient le mieux ; mais il cultive avec ardeur la science d’Aristote, et commente sa logique. Enfin, sauf l’enthousiasme mystique, qu’il tient de l’Orient comme tous les philosophes de cette école, tous les caractères de l’esprit grec, la rigueur, la méthode et la subtilité de la pensée, la clarté et l’élégance de la forme, se révèlent dans les œuvres philosophiques de Porphyre. »