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CHAPITRE XLVIII.

mais au profit de la raison. Considérons enfin le beau et le sublime dans les choses mêmes. Le beau réside toujours dans des formes arrêtées, déterminées, harmonieuses : le monde du beau est celui des formes et de l’harmonie. Le sublime, au contraire, implique l’absence de toute forme, ou des formes gigantesques qui échappent aux prises de l’imagination : le monde du sublime est le champ de l’infini. » Nous ne pouvons pas reprocher à Longin d’avoir négligé ces distinctions métaphysiques, et d’avoir mêlé, dans son traité, le sublime proprement dit avec le beau, ou même simplement avec ce qu’on nomme le style sublime. Il nous a plu de traduire le titre de traité, περὶ ὕψους, par une expression restreinte ; mais ce n’est pas seulement le sublime que Longin a voulu désigner par ce titre, c’est tout ce qui se distingue par un caractère de grandeur et de majesté ; c’est la hauteur, suivant la signification propre du terme, c’est-à-dire l’excellence littéraire : hauteur dans la pensée, hauteur dans l’expression de la pensée, sublime et style sublime ; tout ce qui est noble, frappant, magnifique ; tout ce qui montre le vrai dans une vive splendeur ; tout ce qui fait dire, au premier aspect : Voilà le génie ! Longin a donc eu le droit d’admirer tout à la fois et les vers par lesquels l’éclaireur thébain raconte le serment des sept chefs, qui ne sont que du style sublime, et le mot sublime qui peint d’un trait la puissance absolue du Créateur : « Dieu dit : Que la lumière soit ; et la lumière fut. »


Porphyre.


Porphyre, le plus célèbre des disciples de Plotin, était né en 233, à Batanée en Syrie. Son nom syrien était Malk, qui signifie roi, et dont le nom grec de Porphyre, c’est-à-dire revêtu de la pourpre, n’est que l’équivalent. Porphyre fut, à Rome, le successeur de Plotin, et il y enseigna avec succès la philosophie et l’éloquence, jusque dans les premières années du quatrième siècle. C’est à Rome qu’il mourut, en l’an 304. Il avait laissé une foule de traités sur toute sorte de matières. Sa science embrassait presque tout le domaine de l’esprit humain. Il nous reste quelques-uns de ses ouvra-